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Nom Français |
Nom Chinois |
Caractère |
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15 |
Eventail |
Shan |
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L'éventail serait originaire de la région de Yushan. Une des premières représentation de celui-ci peut s'observer sur une théière en bronze datant des Royaumes Combattants (481-221 av. J.-C.). Cette théière a été trouvée durant des fouilles à Bai Hua Tan, dans la province du Sichuan. A l'origine, il semblerait qu'il s'agissait d'un objet composé d'une grande feuille ou de plusieurs feuilles tressées entre elles, voire de plumes, le tout fixé à un manche long.
Les deux plus anciens éventails retrouvés ont été excavés d'une tombe à Jiangling dans le Hubei. Le premier était constitué de plumes et le second de bambou. Ils mesuraient plus de 1,70 mètre et étaient par des esclaves (pour des cérémonies religieuses?). A l'origine, leur utilisation consistait essentiellement à écarter la poussière et à protéger du soleil. L'éventail fait à base de plumes, utilisé très tôt dans l'histoire, a commencé à disparaître durant la période des dynasties du Nord et du Sud (317 - 589) ainsi que ceux appelés "éventail en queue de cerf" et "éventail à long manche".
En 1950, des fouilles à Liaoyang mirent à jour les premiers éventails peints. Les plus intéressants furent découverts à Cixian dans la tombe d'une princesse située dans la province du Hubei. Celle-ci fut datée de 550 av. J.C.. Durant la dynastie Tang (618 - 907) les éventails se transformèrent en se raccourcissant et en adoptant le bambou dans leur composition. La soie - grâce à l'essor d'une industrie du tissage importante que l'on connaît encore aujourd'hui - allait être appelé à remplacer progressivement le papier et le bambou. Celui-ci sera malgré tout sera conservé pour l'armature car ses propriétés physiques reste inégalées jusqu'à aujourd'hui! La soie - alliant finesse, résistance et légèreté - engendra un raccourcissement des manches d'éventails... Les avantages d'un tel raccourcissement me demanderez-vous? Un effort considérablement réduit pour s'éventer et l'éventail devenait un véritable compagnon propre à tout un chacun.
C'est sous la dynastie Song que les premiers éventails pliant font leur apparition à grande échelle. Une des plus vieilles représentation d'éventail pliant fut mise à jour à Wu Jing, dans une tombe datant des Song du Sud (1127 - 1279). On peut observer sur le couvercle laqué du cercueil, une femme tenant un éventail ouvert et, de son autre main, ouvrir (ou fermer) un autre éventail! Mais c'est surtout sous la dynastie Ming (1368 - 1644) qu'on voit apparaître la grande mode des éventails pliants car il semblerait que l'empereur Yong Le leur portait un intérêt tout particulier.
Pour en venir à l'aspect martial, l'éventail était très utilisé par les nobles pour se protéger de la poussière et se préserver de la sudation. Il fut donc une arme détournée de son utilisation première. Tout comme les anneaux de feu, l'éventail est surtout utilisé dans les styles internes (sutout en Taïji Quan)... C'est une arme d'esthète avec une légère tendance féminine, un peu comme l'épée, mais il est rarement utilisé par paire.
L'éventail, comme on peut s'en douter, n'est pas une arme se prêtant à un déploiement de la force brute mais plûtot à l'utilisation de la souplesse, l'élasticité et la vitesse qui font les attributs du vent (souvent, les armes sont associées un symbole leur étant spécifique...). Aussi l'éventail est l'arme des fins techniciens utilisant les points vitaux ou vulnérables en acupuncture (une expression est souvent employé pour qualifier cette arme: "l'éventail qui enlève la vie"). L'éventail, en apparence si fragile et inoffensif, peut devenir une arme efficace voire dangereuse et mortelle! Naturellement la structure extérieure souple, arborant souvent des sinogrammes ou une représentation, cache des lamelles dures et rigides, souvent métallique aujourd'hui, mais idéalement en bambou. Cet objet fut l'apanage des lettrés, et il arrive qu'on en trouve avec des poèmes calligraphiés sur la soie qui sous-tend l'armature. Généralement, l'éventail utilisé par les hommes est beaucoup plus long que celui utilisé par les femmes. En outre, son maniement suppose d'abord un apprentissage du sabre et de l'épée car beaucoup de positions rappellent celles de ces deux armes courtes. Les coups appris dans les tao lus (enchaînements avec armes) à l'éventail sont parmis les plus pervers, pernicieux, voire carrément vicieux!
Il faut cependant remarqué la pauvreté de la palette technique qu'offre cette arme. Si l'on résume les possibilités d'attaques/défenses, on obtient: la feinte (on prépare un coup caché derrière l'éventail), frapper (avec le "plat" de l'éventail), piquer (avec les bouts), bloquer (jusqu'à une certaine mesure) et couper (bien que ce dernier point soit souvent sujet à polémiques).
Replié, l'éventail s'utilise à la fois comme un épée, un sabre, une flûte et d'autres armes! Dans certains cas, il peut aussi cacher un mécanisme actionnant l'envoi de flèches empoisonnées. On dit aussi que complètement déplié, il peut aussi servir à trancher la gorge. On peut cependant imaginer la difficulté technique d'une telle prouesse (bien qu'il soit tout à fait possible de couper avec une simple feuille de papier).